L’onde de choc

Il avait tout juste 11 ans quand je me suis rendue compte de son addiction. Quel choc pour un parent de réaliser que son enfant souffre de dépendance aux écrans. Je me rappelle exactement ce moment précis où je me suis sentie envahie par ce sentiment de tristesse profonde. Réaliser qu’on a échoué. Mon rôle de parent consiste à protéger mon enfant, mais j’avais failli à cette mission.

 

Des choix invraisemblables

Nous avions un mode de vie plutôt équilibré… rien de parfait, mais nous étions des parents actifs et nous avions l’habitude d’impliquer nos enfants dans des activités sportives. Depuis quelque temps, j’avais remarqué que mon grand garçon n’avait plus d’intérêt pour les différentes activités qu’on lui proposait. Lorsque j’avais sondé son intérêt à jouer au hockey l’année suivante, il avait même décliné la proposition alors qu’il adorait ce sport.

 

Se mettre la tête dans le sable

Comme c’était mon ainé, j’attribuais ce manque d’intérêt à la préadolescence. Il approchait l’âge de la puberté et je savais qu’à cette période de leur vie les jeunes devenaient plus réfractaires. Cependant, plus les semaines avançaient, plus je doutais que l’unique cause de cette distance qui s’installait, était exclusivement causée cette crise identitaire qui s’amorçaient. Je sentais qu’il y avait autre chose.

 

Accepter la réalité

Je constatais son amour grandissant pour cet objet inanimé. Je remarquais ces comportements qui trahissaient son attachement déraisonnable. Il ne voyait plus le temps passer, n’avait toujours qu’une seule idée en tête, devenait colérique quand je lui confisquais son écran et avais de moins en moins d’intérêt pour toutes autres activités. Je savais que je devais intervenir avant que la situation ne dégénère. Les vacances estivales approchaient et j’anticipais le combat de tous les jours qui allait s’installer si je continuais cohabiter avec cette relation malsaine.

 

Reprendre la situation en main

J’ai alors offert deux choix à mon garçon:

  1. Fréquenter le camp de jour tout l’été pour aller socialiser avec des amis et profiter du grand air.
  2. Rester en congé à la maison avec moi, mais en se débarrassant de son écran pour tout l’été.

Ce fut un réel dilemme pour lui. Il m’en voulait énormément de lui imposer ce choix. Quand le verdict est tombé, j’étais soulagée, mais je ne m’attendais pas du tout à la suite.

 

Des crises de larmes incontrôlables

Tous les soirs avant de se coucher, mon enfant s’effondrait en larmes, en nommant qu’il s’ennuyait de son écran. Mon coeur se serrait. Je ressentais sa détresse, son désespoir qui a duré une semaine. J’ai maintenu la décision, parce que je savais au fond de moi que c’était la bonne chose à faire. Après, une semaine, mon enfant s’est confié à moi… il m’a dit maman c’était la meilleure décision, je me sens plus heureux maintenant. J’ai rapidement reconnecté avec mon garçon et retrouvé cet enfant actif plein de vie et de projets en nature. Quel soulagement!

 

Je pensais être à l’abri

Je croyais vraiment qu’armée de mon bagage d’enseignante et de mes connaissances en psychologie du développement de l’enfance, j’avais acquis une certaine immunité pour mes enfants. J’avais été prudente et j’avais instauré des règles. Je connaissais les dangers, mais surtout les moyens de prévenir.

À la maison, mes enfants n’avaient pas de jeux vidéos, simplement des tablettes, une télévision au salon et un ordinateur portable pour le travail… en plus de nos téléphones intelligents. Rien d’abusif. Le temps d’écran n’était pas illimité, mais je dois avouer qu’il dépassait certainement l’heure hebdomadaire maximale recommandée.

 

Des ressources pour la cyberdépendance

J’ai réalisé que personne n’est vraiment à l’abri de la cyberdépendance. Il faut être attentif aux signes et aller chercher de l’aide au besoin.  Si vous vivez des difficultés similaires ou si vous connaissez des gens qui ont des problèmes, il existe des ressources comme Bye.

 

Prendre action pour protéger la jeunesse

Pour moi, il devenait essentiel de trouver un moyen pour sensibiliser plus d’enfants aux dangers du web. C’est dans cette optique que j’ai développé l’activité: Réfléchis avant de cliquer, en complément à l’activité Captif du Web, qui représente une belle occasion d’amorcer des discussions sur le sujet avec les élèves du primaire. La cyberdépendance apporte son lot de défis, mais les risques du web sont nombreux.

Je sais que trop souvent la tâche des enseignants déborde déjà, mais leur rôle et l’impact qu’ils ont auprès des élèves ont une valeur immense. C’est pour cette raison que je voulais m’assurer de développer un outil complet, flexible et facile à utiliser pour les enseignants. Continuez de faire votre excellent travail, éduquer et prendre soin de la relève, mais surtout n’oubliez pas que VOTRE SANTÉ est la priorité!

 

Jessica Allocca M. Éd., Orthopédagogue